Claude Debussy (1862-1918) et la
musique javanaise
Claude Debussy (1862-1918) and Javanese music
Il semble que Claude Debussy alors âgé de 27 ans et au début de sa carrière de compositeur, se rendit plusieurs fois au "Kampong javanais". Il y était peut-être le 15 juillet 1889 avec son ami Robert Godet, grand amateur de Wagner et fort intéressé par la culture indonésienne. Robert Godet décrira beaucoup plus tard la rencontre entre une des petites danseuses et son ami. La question fort âprement débattue par les spécialistes des influences de la musique javanaise sur certaines de ses compositions ne pourra jamais obtenir de confirmation. Notons simplement que ses amis proches n'en rejettaient pas l'idée. Et l'on peut témoigner de l'influence qu'a eu l'intérêt du compositeur sur l'orientation de musiciens qui l'ont suivi. Alfred Cortot transmit l'appréciation de Debussy, dont il était un des grands interprètes ainsi qu'un des amis, à Jacques Brunet, un de ses élèves, qui consacra à la musique indonésienne une grande partie de sa vie. |
It would seem that Claude Debussy, then aged 27 and at the beginning of his career as a composer, went several times to the "Javanese Kampong". He might have been there on the 15th of July 1889 with his friend Robert Godet, a Wagner enthusiast very keen to know more about Indonesian culture. Many years later, Robert Godet will describe a meeting between his lifelong friend and one of the young Javanese dancers. Though fiercely debated on by specialists, the question of the influence of Javanese music on some of Debussy's compositions will never get any confirmation. We shall only point out that his closest friends never rejected the idea. And the interest of the composer had far reaching consequences on the choices of musicians who followed in his footsteps. Alfred Cortot, Debussy's well-known friend and interpret passed down this taste to one of his pupils, Jacques Brunet who devoted a large part of his life to the music of Indonesia. |
A Pierre Louÿs 22 janvier 1895 Mais mon pauvre vieux ! rappelle-toi la
musique javanaise qui contenait toutes les nuances, même celles qu'on ne peut plus
nommer, où la tonique et la dominante n'étaient plus que de vains fantômes à l'usage
des petits enfants pas sages. |
To
Pierre Louÿs 22 January 1895
But old fellow ! Remember the Javanese music which contained all shades of sound, even the
ones that are beyond naming, compared to which tonic and dominant where nothing but vain
fantoms to frighten naughty little children. |
tiré de "Claude Debussy - LETTRES" Hermann 1980 |
"Du goût" - Revue S.I.M. 15 février 1913 [...] Il y a eu, il y a même encore, malgré les désordres
qu'apporte la civilisation, de charmants petits peuples qui apprirent la musique aussi
simplement qu'on apprend à respirer. Leur conservatoire c'est : le rythme étemel de la
mer, le vent dans les feuilles, et mille petits bruits qu'ils écoutèrent avec soin, sans
jamais regarder dans d'arbitraires traités. Leurs traditions n'existent que dans de très
vieilles chansons, mêlées de danses, où chacun, siècle sur siècle, apporta sa
respectueuse contribution. Cependant, la musique javanaise observe un contrepoint auprès
duquel celui de Palestrina n'est qu'un jeu d'enfant. Et si l'on écoute, sans parti pris
européen, le charme de leur |
"About
taste" - Revue S.I.M.
15 February 1913 [...] There have been, and they
still exist, despite the disorders which civilisation brings in its train, charming little
peoples who learned music as simply as one learns to breathe. Their conservatoire is the
eternal rhythm of the sea, the wind in the leaves, the thousand little noises which they
listen to carefully, without ever consulting arbitrary treatises. Their traditions only
exist in very old songs and dances to which each one of them, throughout the centuries,
brought his respectful contribution. Nevertheless, Javanese music is characterized by an
art of counterpoint compared to which that of Palestrina is mere child's play. And if we
listen, forgetting our European prejudices, to the charm of their «percussion» we are
forced to admit that ours sounds like the barbarous noise of a travelling circus. |
tiré de Claude Debussy "Monsieur Croche et autres écrits" L'imaginaire Gallimard 1987 |
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