Raden Mas Jodjana (1893-1972)

Autoportrait gravé
les danses de Raden Mas Jodjana

   Originaire de Yogyakarta, Java Central, il était apparenté à la cour royale de son sultan, ainsi qu'à celle du régent de Madiun. Vous trouverez dans le n° 54 de la revue Archipel un article fort intéressant que lui ont consacré Marcel Bonneff et Pierre Labrousse. Nous vous invitons à le lire et nous nous bornerons ici à ajouter quelques documents qui nous ont été aimablement fournis par sa fille médecin, Mme Chavoix-Jodjana.
   Ayant dès son plus jeune âge, comme tout noble javanais, appris l'art de la danse et de la musique, Raden Mas Jodjana, venu en 1914 aux Pays-Bas pour faire des études à l'Ecole supérieure de commerce de Rotterdam, s'investit rapidement et complètement dans la danse tout en se perfectionnant en musique, peinture, sculpture et gravure. Il devint un des rares danseurs javanais professionnels en Europe à vivre et transmettre son art.

   Il incarne alors ce qu'on pourrait appeler la deuxième vague d'introduction des arts indonésiens en France et s'inscrit dans un développement bien caractéristique des préoccupations de la modernité occidentale de son temps, à l'opposé des canons comportementaux javanais de sa jeunesse. Mû par une nécessité d'affirmation individuelle, d'originalité dans l'expression et de renouveau personnel par l'improvisation, Raden Mas Jodjana fut en contact avec nombre de grands artistes et intellectuels (Pablo Casals, Zadkine, Isaac Israels, Abel Gance, Jacques Copeau, Peter Brook, Krishnamurti, Philippe Stern, Josef Kosma) et vécut au diapason des mouvements culturels européens de son époque. Il participa du grand mouvement d'intérêt pour l'expression du corps qui est une des marques de la seconde moitié du 20e siècle et s'investit avec sa femme Raden Ayou Jodjana (d'origine hollandaise), dans la pédagogie et l'éveil des jeunes à la danse et à la musique en favorisant leur créativité individuelle autonome.
   A travers les activités du Centre Jodjana qu'il anime de 1934 à la guerre, le couple fut l'initiateur en France de l'enseignement du gamelan et d'une pédagogie particulière dans le domaine de la danse et de l'art dramatique. Le dépliant ci-contre, dont la couverture est l'oeuvre du fils Raden Bagus Bhimo - tragiquement disparu en déportation pendant la Seconde Guerre Mondiale -  amène à la page consacrée à cette initiative originale.

Couverture VergoignanMasque en bronze
détails sur le Centre Jodjana


   R.M.Jodjana continua ses activités après guerre, en particulier en tant que professeur à l'Académie d'Art dramatique d'Amsterdam. Vous pourrez lire sa biographie détaillée dans le numéro d'Archipel mentionné ci-dessus.

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