Textes sur la musique indonésienne à
l'Exposition de 1889
Texts about Indonesian music at the Paris 1889 Exhibition
4 - Exposition Universelle de 1889
Section des Colonies Néerlandaises
KAMPONG JAVANAIS.
4 pages. Imprimerie Schiller, Paris - Bibliothèque Historique de la Ville de Paris
| Ce texte sans mention d'origine - était-il donné à l'entrée du
"kampong" aux visiteurs ayant acquitté le droit d'entrée de 50 centimes ? -
pourrait avoir été, si ce n'était une ou deux considérations légèrement
distanciées sur la colonisation néerlandaise, le programme idéologique des planteurs hollandais
organisateurs de cette section de l'Exposition Coloniale. On y trouve des données approximatives ("60 indigènes dont 20 femmes") et la condescendance envers les "indigènes" et leur "simplicité", leurs sultanats "qui ont conservé un semblant d'indépendance". On termine de manière grandiose par les "bienfaits de la civilisation", quelques années avant l'invasion définitive de Bali et les massacres, puputan, des cours balinaises qui en furent le résultat. |
This text of unknown origin,
(was it given to the visitors who had paid the entrance fee to the "kampong" ?),
could have been, if the slightly distant reflections on the Dutch colonization
are discarded, the ideological program of the Dutch planters, organizers of this section of the Colonial
Exhibition. Inaccurate data ("60 natives of which 20 women") can be found as well as condescending remarks towards the "natives" and their "simplicity", their sultanates "which kept a semblance of independance". It ends in a grandiose way with the "benefits of civilization" a few years before Bali was completely conquered and two of its courts slaughtered, in a puputan, as a result. |
| Le but de l'exposition du Kampong Javanais, à
l'Esplanade des Invalides, est de donner une idée de la vie, des moeurs et des coutumes
des indigènes qui habitent, non pas la plus étendue, mais la plus cultivée et la plus
productive des îles qui composent l'archipel des Indes orientales dépendant du royaume
des Pays-Bas. L'île de Java, dont la superficie est de 2,444 lieues géographiques, compte une population nombreuse se décomposant ainsi : 35,000 Européens, 90,000 Arabes, 200,000 Chinois et plus de 20 millions d'indigènes. Ce pays, gouverné par les fonctionnaires des Pays-Bas, est divisé en vingt-trois provinces, à la tête desquelles sont placés des résidents. Deux de ces provinces, celles de Sourakarta ou Solo et de Djogjakarta ou Djokja, qui ont conservé un semblant d'indépendance, sont administrées par des princes indigènes ; mais, la direction générale des affaires politiques n'en appartient pas moins aux résidents hollandais qui sont les véritables gouverneurs du pays. Les indigènes de Java, quoique de plus en plus civilisés, grâce au bon fonctionnement du système d'instruction que le Royaume des Pays-Bas s'est toujours efforcé d'appliquer dans ses colonies, vivent cependant encore dans un état social d'une très grande simplicité. Ce que l'on peut constater en voyant leurs demeures et leurs habitudes qui ont conservé un caractère presque primitif. Le Kampong Javanais, que le Comité de l'Exposition Néerlandaise a installé à l'Esplanade des Invalides, contient une population de 60 indigènes dont 20 femmes. Ces indigènes appartiennent à cinq provinces différentes de l'île de Java ; 32 sont de la résidence de Preanger, connu pour son café, 11 viennent de Batavia, capitale du pays, enfin 17 appartiennent à la résidence de Bantam, région la plus occidentale de l'île. Au point de vue de la race, 50 de ces indigènes sont Soendanais, tribu habitant la partie occidentale, les 10 autres sont des Javanais du centre : 8 de l'empire de Sourakarta et 2 du sultanat de Djogjakarta. Quant aux habitations élevées dans le Kampong, elles ne sont pas toutes soendanaises ou javanaises, on a voulu aussi donner une idée du type des habitations des autres îles. La Commission Néerlandaise, en formant son projet d'exposition aurait voulu donner, non seulement un aperçu pratique des moeurs et des coutumes des indigènes de Java, mais encore aurait désiré présenter au public un spécimen de toutes les industries populaires de ce pays. Ce projet n'a pu être exécuté qu'en partie par suite de la difficulté qu'on éprouve à déterminer les indigènes à s'expatrier. Toutefois, des industries spéciales et réellement nationales sont représentées dans le Kampong où l'on remarquera tout d'abord des spécialistes dans l'art de travailler le bambou et de le faire servir à toutes sortes de constructions. On connaît le rôle important que joue dans ces pays le bambou que l'habitant de l'Archipel des Indes considère comme l'un des produits le plus indispensable à son existence. Des femmes de Djokja font le Batik, étoffe employée à l'habillement des indigènes. D'autres individus tressent des chapeaux avec de la paille de riz. Cette industrie, qui existait depuis très longtemps déjà dans ces pays, a pris une très grande extension, et est devenue une branche d'exportation considérable. Dans le Kampong se trouvent également réunis des musiciens, des comédiens et des danseuses. Les musiciens forment avec le Gamelang, série d'instruments combinés, un concert très apprécié par les indigènes et surtout par les Soendanais. Là ont lieu les représentations du Wajang, spectacle dans lequel les Javanais font mouvoir avec une habileté et une dextérité incroyables des marionnettes représentant les légendes anciennes et les hauts faits de leurs héros et de leurs princes. Les danseuses ont été spécialement engagées à Djogjakarta, où l'art de la danse est en grande faveur. Il ne faut pas oublier non plus les Kokki, cuisinières du Kampong chargées de préparer le riz. Les visiteurs se formeront ainsi, par le spectacle que leur donnera la vue du Kampong, une idée des différents détails de la vie dans ces régions lointaines où l'Européen doit, en échange des richesses qu'il en retire, porter les bienfaits de la civilisation. |
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