PRÈS du palais de la Hollande, qui vient, en quarante
jours, de renaître splendidement de ses cendres, un petit pavillon abrite le théâtre
balinais.
Le théâtre balinais connaît cette heureuse fortune de n'avoir besoin
d'aucune publicité. C'est ce que son gérant nous déclarait 1'autre jour, avec une bonne
foi très édifiante.
De fait, un bon spectacle se défend toujours : Djanger, Raksasa, Barong,
Gebear, scènes ou drames de la vie quotidienne, danses démonstratives, amoureuses ou
guerrières, tout est réalisé avec beaucoup d'adresse.
Dans l'accompagnement musical, on retrouve le rythme lent des thèmes
laotiens et cambodgiens; mais, aux sons prolongés qui crispent et créent une atmosphère
étrange, s'ajoutent, par instants, d'hallucinantes arabesques mélodiques, ponctuées par
des coups de gong, dont la résonance s'étire longuement.
La troupe, exclusivement composée d'amateurs, groupe une cinquantaine de
personnages, acteurs, danseurs ou musiciens. Des hommes, de jeunes femmes, quelques
fillettes, parés de leurs riches et lourds costumes, évoquent ainsi, chaque jour, leur
île lointaine, sous le regard impassible de la divinité Rangda, à la langue et aux
ongles démesurés.
PRIMEFOSSE