..."On peut voir, à l'Exposition coloniale, un théâtre de
«Wayang-koelit». Ce sont des marionnettes en parchemin très finement découpé et
colorié, dont les membres sont articulés. Le calicot tendu qui forme le théâtre ne
doit pas faire illusion. Il ne s'agit pas d'ombres chinoises, comme on pourrait le croire.
Les «Wayang-koelit» ne sont pas vus à travers l'écran, mais directement. Tous les
personnages sont des héros des épopées hindoues, et les drames sont ordinairement
tirés du Ramayana. Les marionnettes sont piquées en réserve sur le tronc tendre d'un
jeune bananier et l'on isole au milieu ceux qui sont en scène, Un conteur improvise le
dialogue et les chants et, comme dans le théâtre chinois, l'orchestre intervient
fréquemment en guise d'interlude.
L'orchestre, c'est le «gamelong». On en voit un dans la même salle. Il est constitué
par ces gongs de bronze en forme de marmites renversées, gongs alignés sur des cordes
qui les laissent librement vibrer. La musique en est très douce, très harmonieuse, mais
l'invention mélodiquc est courte et les thèmes sont à peine perceptibles. Comme toutes
les musiques orientales, elle est en quelque sorte purement décorative...
Malheureusement, les Javanais semblent perdre le goût de ces représentations
traditionnelles, d'autant plus que le cinéma de «gambar hidup» en malais lui fait une
concurrence déloyale"...
J.C. PRIVÉ